Jaume Sanpera s’entretient avec
WIRED
de Sateliot, la startup qui cherche à fournir une plus grande couverture 5G grâce à une constellation de nanosatellites.
Le ciel n’a pas de limites et Jaume Sanpera le sait très bien. Avec plus de 30 ans d’expérience dans les télécommunications, il a affiné son expertise dans le secteur concurrentiel des satellites, un domaine en constante évolution et imprévisible dans lequel cet Espagnol visionnaire a progressivement tissé des réseaux d’influence dans le monde entier.
Dans sa longue liste de projets entrepreneuriaux, Jaume Sanpera est reconnu pour avoir fondé Eurona Telecom en 2001, un opérateur international de satellites couronné de succès qui est aujourd’hui un leader en Europe. En 2018, un an après avoir quitté son poste de PDG d’Eurona, il a créé Sateliot, une startup basée à Barcelone et à San Diego, qui, sous sa direction, a réussi à se développer sur différents marchés en moins d’une demi-décennie. Son leadership et ses innovations en matière de communication numérique lui ont valu de figurer sur la liste des 100 entrepreneurs les plus créatifs établie par le magazine Fortune. Fortune des 100 entrepreneurs les plus créatifs.
Mais qu’est-ce que Sateliot et pourquoi devrions-nous le surveiller de près ?
Sateliot est une société qui soutient les opérateurs de réseaux mobiles (MNO) et les opérateurs de réseaux mobiles virtuels (MVNO) aux niveaux local, régional et continental afin de fournir une couverture dans les zones reculées de la planète. Grâce à une technologie brevetée, ce développement a déjà permis de connecter des appareils 5G pour l’internet des objets (IoT) dans des régions éloignées de la Terre.
Jaume Sanpera a l’œil vif, connaît très bien le métier et ne manque pas d’ambition : il a jeté son dévolu sur la population qui, faute de signal, n’a pas accès à la connectivité mobile. Seulement 15 % de la surface de la Terre bénéficie d’une couverture cellulaire.
Qu’en est-il des personnes travaillant dans l’agriculture, l’élevage et les industries qui ont besoin d’être connectées pour optimiser leurs ressources« , déclare Sanpera avec énergie dans l’interview de WIRED.
« Que pouvons-nous faire pour que la connectivité devienne universelle et profite à tous ? C’est la question à laquelle nous avons voulu répondre », se souvient-il. C’est alors que, grâce au réseau de contacts qu’il a tissé à partir d’Eurona, il parvient à rencontrer des ingénieurs de l’Agence spatiale européenne (ESA). « C’est impossible, laissez tomber ! « ont immédiatement réagi certains d’entre eux en entendant l’idée. « L’argument, à juste titre, portait non seulement sur des questions techniques, mais aussi sur l’intermédiation nécessaire avec les opérateurs internationaux et les régulateurs de chaque région », explique l’entrepreneur.
« Ils nous soutiendront », se dit Sanpera. « C’était une position quelque peu naïve. Dans ce domaine, les intérêts sont multiples et chaque acteur défend le sien, mais en fin de compte, lorsque l’intérêt commun est mis sur la table, le soutien est énorme.
Ce résultat a finalement été obtenu après beaucoup d’efforts, de politique et de réunions hors ligne pour expliquer, expliquer et expliquer », raconte-t-il.
L’entreprise dirigée par Sanpera est convaincue que l’avenir de la connectivité passe par l’internet des objets. Leur objectif actuel est de fournir une couverture grâce à la constellation de nanosatellites qu’ils ont commencé à lancer dans l’espace. Le 15 avril, une fusée Falcon 9 de SpaceX, propriété d’Elon Musk, a mis en orbite le premier nanosatellite de Sateliot, » The GroundBreaker « . Il s’agit du début d’une structure composée de 64 nanosatellites similaires qui seront lancés au cours des 18 prochains mois, selon Sanpera.
Sateliot a également noué des alliances stratégiques avec des entreprises telles que G+D et Telefónica, ainsi qu’avec des organismes de réglementation spatiale comme l’ESA. L’entreprise de Sanpera permet aux propriétaires d’appareils IoT d’envoyer et de recevoir des données 5G partout dans le monde, quel que soit le type de carte SIM qu’ils utilisent ; « c’est l’avantage offert par les satellites en orbite basse », note le PDG.
La société a déjà conclu des accords commerciaux avec des entreprises de télécommunications dans le monde entier, ce qui représente 1,2 million de clients. Leur objectif est de générer un milliard d’euros de revenus d’ici 2026. « Le Mexique est un pays où nous avons un client qui a déjà commandé plus d’un demi-million de lignes, alors que nous devons encore lancer la plupart de nos satellites », précise M. Sanpera.

L’IdO est l’ère numérique
L’internet des objets est un concept qui a émergé avec le nouveau siècle et qui décrit le réseau sans fil qui relie les objets et les dispositifs domestiques et industriels. Toutefois, la couverture de l’IdO doit encore être améliorée dans les zones où le réseau mobile n’est pas accessible, comme les zones rurales ou côtières. Dans ces domaines, Sateliot entend intervenir avec tout le potentiel de ses nanosatellites.
Mais Sanpera veut aller plus loin. Sa vision comprend l’exploitation des avantages informatiques du réseau 5G, permettant, par exemple, à un agriculteur dans les champs de connaître le nombre de bêtes malades qu’il possède ou de surveiller en temps réel les variations du niveau d’eau des barrages et des puits. D’autres exemples sont la rationalisation des processus dans l’agriculture, la conservation des ressources naturelles, la prévention et la surveillance des catastrophes dans les zones exposées aux glissements de terrain et aux inondations. Il existe une multitude de possibilités et de choses à connecter.
Sateliot est la première entreprise à réussir à gérer ses opérations à partir d’un réseau en orbite terrestre basse (LEO), le même type de réseau que celui utilisé par les entreprises de téléphonie cellulaire terrestre pour connecter les utilisateurs à l’internet. Sanpera considère les entreprises de télécommunications régionales comme des partenaires potentiels. La constellation de Sateliot permet d’intégrer l’itinérance par satellite 5G dans les offres des ORM et des MVNO afin d’obtenir une couverture jusqu’alors impossible.